La structure hospitalière n’ a pas de médecin réanimateur, à temps plein, depuis juin 2018 .
Dès l’annonce de Djerba comme foyer de contamination, des mesures urgentes auraient dû être prises pour équiper l’hôpital Sadok Mokaddem de Houmt Souk et le renforcer des ressources et de la logistique nécessaires, lui permettant de prendre en charge les personnes contaminées et notamment les formes graves et sévères dans le service de réanimation.
Pourtant depuis juin 2018, l’établissement hospitalier, qui assure essentiellement des consultations de jour ,ne dispose toujours pas d’un médecin réanimateur titulaire et à temps plein!
Le personnel médical et paramédical de l’hôpital a pu toutefois se fournir et s’approvisionner en masques de protection et équipements médicaux et l’établissement hospitalier se doter d’un circuit COVID-19 grâce aux efforts d’un collectif de médecins publics et privés et de la société civile qui ont mobilisé des fonds à cet effet.
Il reste que l’absence d’un médecin réanimateur dans une île qui compte près d’une soixantaine de cas contaminés dont certains peuvent évoluer vers des formes graves et sévères est inadmissible et représente une sérieuse entrave à la prise en charge des malades COVID au sein de l’hôpital régional.
Ce qui relève de l’inadmissible et de l’inacceptable a fini par arriver. Une femme atteinte du coronavirus et admise, le mercredi dernier, dans un état critique n’a pourtant pas pu être prise en charge dans le service de réanimation de l’hôpital Sadok Mkadem parce qu’il n’y avait pas de médecin réanimateur.
La direction et le personnel médical de l’hôpital ont, alors, demandé à ce qu’elle soit transférée au CHU de Médenine. Mais ce dernier a refusé au motif qu’il ne prend en charge que les malades originaires de cinq délégations, à savoir Médenine Nord, Médenine Sud, Sidi Makhlouf, Béni Khdech et Boughrara. C’est ce que mentionne la page officielle du CHU.
Cette prise de position, qui prive un malade de son droit fondamental à l’accès aux soins, a suscité l’indignation du personnel de l’hôpital Sadok Mkaddem ainsi que celle de la famille et des habitants de l’île.
Finalement, il a été décidé in extremis de transférer la patiente dans un des hôpitaux de la ville de Sfax.